Cet extrait, choisi pour sa résonance avec l’enseignement rosicrucien, invite à découvrir une vision originale de Dieu et de l’homme.
L’auteur y présente la divinité comme un Esprit universel, source de sagesse et d’amour, et décrit l’homme comme porteur d’une étincelle divine qu’il doit progressivement éveiller pour réaliser sa nature spirituelle et se dépasser. Par ailleurs, c’est par cet éveil nécessitant plusieurs incarnations que l’homme peut retrouver le lien profond qui l’unit à toute l’humanité, pour être en mesure de donner naissance à une authentique fraternité universelle.
Bonne lecture !
Extrait de « La grande énigme : Dieu et l’Univers », Librairie des sciences psychiques, 1911 — Léon Denis (1846-1927)
Solidarité : communion universelle
« Dieu est l’esprit de sagesse, d’amour et de vie, la puissance infinie qui gouverne le monde. L’homme est fini, mais il a l’intuition de l’infini. Le principe spirituel qu’il porte en lui l’incite à scruter des problèmes qui dépassent les limites actuelles de son entendement. Son esprit, prisonnier dans la chair, s’en dégage parfois et s’élève vers les domaines supérieurs de la pensée, d’où lui viennent ces hautes aspirations, trop souvent suivies de rechutes dans la matière. De là tant de recherches, de tâtonnements et d’erreurs, à tel point qu’il serait impossible de distinguer la vérité dans l’amoncellement des systèmes et des superstitions que le travail des âges a accumulés, si les puissances invisibles ne venaient faire la lumière dans ce chaos.
Chaque âme est un rayonnement de la grande Âme universelle, une étincelle émanée de l’éternel foyer. Mais nous nous ignorons nous-mêmes, et cette ignorance est la cause de notre faiblesse et de tous nos maux.
Nous sommes unis à Dieu dans le rapport étroit qui relie la cause à l’effet, et nous sommes aussi nécessaires à son existence qu’il est nécessaire à la nôtre. Dieu, Esprit universel, se manifeste dans la nature, et l’homme est, sur terre, la plus haute expression de la nature. Nous sommes l’œuvre et l’expression de Dieu, qui est la source du bien. Mais ce bien, nous le possédons seulement à l’état de germe, et notre tâche est de le développer. Nos vies successives, notre ascension sur la spirale infinie des existences, n’ont pas d’autre but.
Tout est écrit au fond de l’âme en caractères mystérieux : le passé, d’où nous émergeons et que nous devons apprendre à sonder ; l’avenir, vers lequel nous évoluons, avenir que nous édifierons nous-mêmes comme un monument merveilleux, fait de pensées élevées, de nobles actions, de dévouements et de sacrifices.
L’œuvre à réaliser par chacun de nous se résume en trois mots : savoir, croire, vouloir ; c’est-à-dire : savoir que nous avons en nous des ressources incalculables ; croire à l’efficacité de notre action sur les deux mondes de la matière et de l’esprit ; vouloir le bien en dirigeant nos pensées vers ce qui est beau et grand, en conformant nos actions aux lois éternelles du travail, de la justice et de l’amour.
Issues de Dieu, toutes les âmes sont sœurs ; tous les enfants de la race humaine sont unis par des liens étroits de fraternité et de solidarité. Aussi, les progrès de l’un de nous sont ressentis par tous, de même que l’abaissement d’un seul affecte l’ensemble.
[…]
C’est l’ignorance de notre propre nature et des forces divines qui dorment en nous, c’est l’idée insuffisante que nous nous faisons de notre rôle et des lois de la destinée, qui nous assujettissent aux influences inférieures, à ce que nous appelons le mal. En réalité, ce n’est là qu’un manque de développement. L’état d’ignorance n’est pas un mal par lui-même ; c’est seulement une des formes, une des conditions nécessaires de la loi d’évolution. Notre intelligence n’est pas mûre ; notre raison enfant trébuche aux accidents du chemin ; de là l’erreur, les défaillances, les épreuves, la douleur. Mais toutes ces choses seront un bien si on les considère comme autant de moyens d’éducation et d’élévation. L’âme doit les traverser pour arriver à la conception des vérités supérieures, à la possession de la part de gloire et de lumière qui fera d’elle une élue du ciel, une expression parfaite de la Puissance et de l’Amour infinis. Chaque être possède les rudiments d’une intelligence qui atteindra au génie, et il a l’immensité des temps pour la développer. Chaque vie terrestre est une école, l’école primaire de l’éternité.
Dans la lente ascension qui porte l’être vers Dieu, ce que nous cherchons avant tout, c’est le bonheur, la félicité. Toutefois, dans son état d’ignorance, l’homme ne saurait atteindre ces biens, car il les recherche presque toujours où ils ne sont pas, dans la région des mirages et des chimères, et cela au moyen de procédés dont la fausseté ne lui apparaît qu’après bien des déceptions et des souffrances. Ce sont ces souffrances qui nous éclairent ; nos douleurs sont des leçons austères ; elles nous apprennent que le vrai bonheur n’est pas dans les choses de la matière, passagères et changeantes, mais dans la perfection morale. Nos erreurs et nos fautes répétées, les fatales conséquences qu’elles entraînent, finissent par nous donner l’expérience, et celle-ci nous conduit à la sagesse, c’est-à-dire à la connaissance innée, à l’intuition de la vérité. Parvenu sur ce terrain solide, l’homme sentira le lien qui l’unit à Dieu et il avancera d’un pas plus sûr, d’étape en étape, vers la grande lumière qui ne s’éteint jamais. »